Pour lire, imprimer et diffuser ce petit bulletin autour de soi (il est
en format A5, et celui-ci fait 16 pages), on pourra retrouver chaque
nouveau numéro tous les 15 du mois, ainsi que les précédents, sur le blog : https://avisdetempetes.noblogs.org
“Mais ce qui frappe aussi, est que les formes infinies
d’auto-organisation qui auraient pu surgir des singularités
individuelles pour faire face au virus et continuer d’agir malgré lui,
aient été d’emblée comme paralysées par des sables mouvants de
recommandations contradictoires et de chiffres assommants : taux de mortalité et de létalité, taux de positivité, taux d’incidence, taux de passage aux urgences et d’occupation en réanimation, taux d’anticorpspersistants, taux de réinfection… et ainsi de suite. Cela met à nouveau en évidence qu’en se plaçant sur le terrain de la politique des grands nombres plutôt qu’en partant de soi –avec ses doutes comme avec ses désirs enflammés–, la réflexion finit généralement par s’embourber dans une logique gestionnaire, où le calcul productif prend vite la place de la vie et de ses excès dispersifs.
Pour briser le schéma même qui préside à toute réduction statistique de la complexité humaine, faire exister de l’unicité au-delà des moyennes et recréer de la diversité en défaisant les agrégats de données, il n’y a pas trente-six solutions.
C’est le terrain même où chaque individu est sommé de
s’incliner face à un intérêt supérieur collectif qu’il s’agit de
refuser. C’est son propre rapport sensible à la vie, à la mort, à la
maladie, aux risques à prendre, à l’entr’aide, aux étoiles à cueillir,
qu’il s’agit de défendre face à l’exigence sociale de les sacrifier sur
l’autel de la quantité. Que cette dernière se nomme patrie, économie, bien commun… ou même immunité collective.